20 août 2020

Mali : Un cocktail explosif de crise sociopolitique et de percée djihadiste dans le Sahel

Par Octavie Louisa


Le Président Ibrahim Boubacar Keita dit “IBK”, élu démocratiquement par la voie des urnes au Mali en juillet 2013 et réélu en juillet 2018, a été démis de ses fonctions par les putschistes militaires, le 18 Août 2020, après un long moment de crise sociopolitique ayant entrainée de vives protestations populaires. Plusieurs faits lui ont été reprochés, à tort ou à raison (seul l’avenir nous éclairera davantage) et ce, malgré son expérience colossale dans l’arène politique du Mali. Parmi les causes de sa déchéance, figurerait la corruption devenue endémique, la faiblesse de l’Etat à lutter efficacement contre la montée des groupuscules djihadistes dans le pays, la crise économique qui gangrène le Mali depuis un certain temps, les arrestations arbitraires et surtout la disparition inexpliquée dans les circonstances étranges, du chef de l’opposition, Soumaïla Cissé.



Ce cycle de coup d’Etat au Mali, depuis 2012, après le renversement d’Amani Toumani Touré, devient un épineux problème qui nécessite la résolution du problème de façon structurelle et durable. Il devient difficile pour le peuple malien de préserver la culture de démocratie et d’alternance politique si chèrement acquise, face au challenge sécuritaire dont le pays fait face depuis près d’une décennie. Il convient alors de rappeler que les coups d’Etat perturbent l’ordre constitutionnel et favorise l’installation et la propagation des groupuscules terroristes, toujours en quête de pouvoir et de territoire.

Le rôle des organisations internationales et sous régionales

Aux aurores des manifestations, la CEDEAO a appelé au calme, avant de dépêcher une mission de médiation pour tenter d’apaiser les tensions entre le peuple et les dirigeants. Cette mission s’est soldée par un échec cuisant de la CEDEAO qui n’a pu trouver un compromis pouvant satisfaire les deux parties. Plusieurs experts ont convenu de ce que les moyens de médiation déployés par cette organisation sous régionale n’ont pas été pris en compte par le pouvoir déchu, afin de juguler cette crise sociopolitique, surtout en cette période de Covid-19. Ce qui a obligé les populations à se rendre massivement dans la rue, en bravant le coronavirus, pour se faire entendre.

Quant à l’Union Africaine, le peuple Malien déplore son « laxisme légendaire » face à une crise d’une telle ampleur. Ladite institution ne s’est pas impliquée en envoyant une équipe sur le terrain pour s’enquérir réellement de la situation sociopolitique mais, elle n’a pourtant pas hésité  à opter pour une suspension du Mali dans ses instances de décision au lendemain du push, ce qui a encore alimenté la colère des maliens et d’autres africains, qui lui reprochent d’être simplement un « club de retrouvaille des Chefs d’Etat corrompus  qui se soutiennent les uns les autres dans les tripatouillages constitutionnels et le massacre de leur population pour la soif de pouvoir ». Le peuple malien n’a pas caché son mécontentement contre cette institution continentale qui n’a pas daigné s’activer pleinement dans la recherche d’une solution viable et durable afin d’éviter le push, qui a peut-être été leur dernier recours, pour se libérer d’un régime inefficace qui n’a pas su combler leurs attentes.

S’agissant de l’ONU et de l’Union Européenne, leurs sanctions ont été considérées comme des supputations qui d’ailleurs n’ont aucun impact considérable dans la vie du citoyen malien lambda. Elles demeureraient des institutions politiques qui condamnent depuis des bureaux sans apporter des solutions idoines et durables.

L’impact du coup d’Etat du 18 aout 2020 sur les efforts du G5 Sahel

G5 Sahel

Les pays du G5 Sahel (le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie) luttent énergétiquement contre les groupuscules terroristes qui sévissent dans ladite région. Tous ces pays transfrontaliers font face à l’insécurité galopante à cause de la barbarie et de l’activité intermittente des groupuscules terroristes. Cette dégradation du tissu sécuritaire asphyxie l’économie et entrave la libre circulation des personnes et des biens, d’où la volonté commune de ces pays à s’unir, afin d’éradiquer ce fléau qui ne cesse de gagner du terrain. Depuis sa création en 2014, l’opérationnalisation du G5 Sahel a pris du retard à cause d’un certain nombre de défis avant de connaitre son effectivité en 2019. Les troupes sur le terrain ont été confrontés à plusieurs défis dont : le sempiternel problème de financement, le manque d’équipement de pointe, le manque de formation et le nombre insuffisant des ressources humaines. Outre ces défis de déploiement, il y a aussi le défi de sensibilisation et d’éducation des peuples vivants dans les zones de conflit ainsi que la gestion des crises intercommunautaires entre les peuples transfrontaliers. Le renforcement des capacités des troupes du G5 Sahel par la Chine, les Etats Unis d’Amérique et la France ont permis aux troupes sur le terrain de faire des avancées notables.

Cependant, avec les nouvelles données du push intervenu au Mali le 18 Août 2020, les troupes du G5 Sahel risqueraient de voir leur mission être perturbée par les revendications multidimensionnelles des populations, l’escalade des conflits communautaires, l’explosion des contaminations due au Covid-19, la résurgence de l’insécurité et une décomposition du tissu social, difficilement reconstruit après moult tumultes sociopolitiques. La situation sécuritaire actuelle au Mali crée un vide politique et un trouble institutionnel, qui rend propice le renforcement de l’hégémonie des groupes terroristes à l’instar de l’Etat Islamique dans le pays, comme à l’image du Burkina Faso au lendemain des soulèvements de 2014 ayant conduit au départ du pouvoir de l’ancien président, Blaise Compaoré. C’est dire que ces groupuscules terroristes s’imprègnent des réalités sociopolitiques en scrutant les failles possibles et progressent en prenant avantage sur les systèmes politiques déchus, ce qui a pour corollaire la déconstruction du tissu sécuritaire et socio-économique. Ce climat apocalyptique leur permet, en effet, de s’implanter, d’étendre leur territoire, de recruter de nouvelles ressources humaines, de se procurer des ressources matérielles de pointe, tout en renforçant leur logistique et de planifier de futures attaques.

Quel avenir sociopolitique pacifique et durable pour le Mali?

Visiblement, le peuple Malien festoie et se félicite d’avoir évincé leur Président qu’il qualifiait d’incompétent et de « valet de la France » pour n’avoir pas satisfait leurs attentes. Cela est légitime dans la mesure où le peuple est souverain et c’est lui qui peut révoquer, selon l’ordre constitutionnel, ses représentants s’il estime que ceux-ci n’ont pas atteint les résultats escomptés. Dans le cas échéant, une simple procédure de destitution, comme en Afrique du Sud ou au Brésil n’aurait-elle pas été plus mature et plus sage de leur part, afin de préserver la paix et l’ordre constitutionnel ? Le peuple n’aura-t-il pas, plus tard, un sentiment de regret et d’amertume en constatant que sa lutte a été appropriée par les imposteurs qui ne jurent que par leurs intérêts égoïstes ? Ce coup d’Etat insufflera-t-il avec un vent nouveau capable d’améliorer les conditions de vie du Malien lambda ? A l’instant présent, le peuple Malien a-t-il la garantie qu’un autre président pourra venir à bout de tous les maux qui ont été reprochés à ses prédécesseurs sans interférence des pays occidentaux? Les attentes des populations seront-elles comblées comme avec un bâton magique ?

L’espoir, c’est de voir les putschistes qui, en effet, ont promis d’assurer la transition vers les élections libres et démocratiques dans les meilleurs délais, tenir parole et que cela se solde par un issu favorable et profitable pour le peuple Malien qui semble avoir obtenu gain de cause suite au départ d’IBK, départ réclamé par des milliers de manifestants depuis plusieurs jours.

La situation sécuritaire du Mali demeure précaire et la stabilité politique est encore volatile, car l’Etat de droit reste à reconstituer puisque l’ordre constitutionnel est, une fois encore, bafoué par des acteurs non politiques. C’est un processus qui prendra du temps ; certes, le peuple est souverain, mais après un retour au calme, ces soulèvements risqueraient d’être davantage un moment de désillusion que d’espoir. L’histoire se répète et les faits sont têtus. Une grande partie de la population se rendraient compte que son combat et ses revendications n’ont pas été respectés tels que souhaités. Gardons espoir pour un avenir sociopolitique radieux dans un Mali libre de coups d’État cycliques et respectueux de l’ordre constitutionnel.

 

Octavie Louisa est une experte en Gouvernance et en Intégration Régionale, passionnée des questions de droits de l’homme, genre, résolution des conflits, paix et sécurité humaine. Elle est la co-fondatrice de l’ONG Weziza Afrika basée au Bénin et opérant sur le continent. Elle dirige, en qualité de Directrice, l’Institut Weziza Afrika pour la Gouvernance et les Droits de l’Homme dont le mandat touche les questions thématiques de justice transitionnelle, le genre dans la paix et la sécurité, la résolution des conflits, la paix et la sécurité humaine.

18 juillet 2020

Postulez maintenant pour devenir Jeune Volontaire de l'Union Africaine - 11ème Cohorte

Date limite de candidature repoussée jusqu'au 28 Aout 2020

Le Corps des Jeunes Volontaires de l’Union Africaine (CJV-UA), établi en 2010, est un programme de développement continental de l’Union africaine qui promeut le volontariat des jeunes en Afrique. Le programme vise à approfondir le rôle des jeunes en Afrique, en tant qu’acteurs clés du développement des objectifs et des buts de l’Afrique, tout en favorisant leur participation à l’élaboration de politiques, ainsi que la conception et la mise en oeuvre des interventions pertinentes pour la réalisation de l’Agenda 2063 de l’UA : « l’Afrique que nous voulons ».

Il rassemble les jeunes qui partagent leurs compétences, leurs connaissances, leur créativité et leur expérience, afin de créer un continent plus intégré, prospère et paisible, et dirigé par ses citoyens. Les opportunités de volontariat sont destinées à renforcer le professionnalisme et un sens de la responsabilité chez les participants, augmentant ainsi leur employabilité.
Les jeunes professionnels africains sont recrutés pour servir pendant une période de 12 mois dans un État membre de l’UA autre que le leur.

SOMMAIRE DU POSTE :
En tant que Jeunes volontaires de l'Union africaine, vous serez déployé, pour une période de 12 mois, dans vos domaines professionnels respectifs. À travers le programme CJV-UA, la CUA vise à atteindre les objectifs suivants :
• autonomiser la jeunesse africaine par le leadership et l'expérience professionnelle ;
• intégrer les jeunes dans les organisations panafricaines ;
• promouvoir le panafricanisme et l’intégration.
En tant que JV-UA, vous jouerez un rôle de catalyseur dans le programme de développement de l'Afrique (Agenda 2063), apporterez une vision de la jeunesse dans les différentes politiques et programmes auxquels
vous participerez, et jouerez votre rôle pour construire une approche plus intégrée, prospère et paisible d’un continent dirigé par ses citoyens, en particulier les jeunes.
Vous serez déployés pour une période de 12 mois à l'extérieur de votre pays ; ce qui vous exposera à de nouvelles cultures et à des sociétés où vous devrez vous adapter, apprendre et apporter de la valeur ajoutée à votre organisation et à votre communauté d’accueil.

TÂCHES ET RESPONSABILITÉS PRINCIPALES :
Une fois sélectionnés, vous serez affectés à des postes vacants existants, en fonction de vos expériences professionnelles respectives. Un terme de référence détaillé vous sera fourni par l'organisation hôte dans laquelle vous serez affecté.

QUALIFICATIONS ACADÉMIQUES ET EXPÉRIENCE REQUISES :
Pour être sélectionner au programme CJV-UA, vous devez répondre à TOUS les critères d’admissibilité suivants :
1. être citoyen d’un État membre de l’UA vivant sur le continent ou dans la diaspora africaine ;
2. être âgé de 18 ans au moins et de 35 ans au plus à la fin du service de 12 mois ;
3. avoir une ou des qualifications certifiées post-secondaires (EFTP, License, maîtrise, etc.) ;
4. être disponible entre 2020 et 2021, pour 12 mois de volontariat ;
5. être prêt à vivre et travailler dans un autre État membre de l'UA ;
6. maîtriser au moins une langue officielle de l'UA (arabe, anglais, français, portugais) ;
7. avoir au moins une année d’expérience vérifiable en tant que volontaire et une année d’expérience de travail.

Le CJV-UA est à la recherche de jeunes leaders motivés qui ont les qualités suivantes :
• incarner l’esprit du panafricanisme ;
• promouvoir les valeurs communes de l'Afrique pour un continent intégré, prospère et pacifique ;
• incarner l’esprit de volontariat et de leadership ;
• être axé sur les résultats / être en mesure de produire des résultats ;
• être capable de travailler et de d’évoluer dans des contextes stimulants et multiculturels, y compris dans des environnements post-conflicts ;
• être respectueux des différences culturelles, intellectuelles, religieuses et linguistiques ;
• avoir des compétences interpersonnelles et organisationnelles ;
• être flexible, indépendant et motivé ;

CONNAISSANCES DES LANGUES :
Le candidat doit maîtriser au moins une des langues de travail de l’Union africaine. La connaissance d’une ou de plusieurs autres langues de travail serait un atout.

DURÉE DU CONTRAT :
L’engagement à ce poste se fait sur la base d’un contrat à durée déterminée, pour une période initiale d’un (01) an. Les 3 premiers mois seront considérés comme période d’essai.

RÉMUNÉRATION :
La Commission de l'Union africaine couvrira l’intégralité des coûts de formation et de déploiement des candidats retenus.
Les Jeunes Volontaires de l’Union africaine bénéficieront des avantages suivants :
1. un billet d’avion, en classe économie (de votre pays de résidence au pays de déploiement) ;
2. une modeste rémunération mensuelle ;
3. une assurance médicale ;
4. un passeport de Service de l’AU ;
5. une indemnité de départ, après douze (12) mois de service.

COMMENT POSTULER :
Pour soumettre votre candidature, vous devez :
1. créer un profil en s’inscrivant sur la base de données du CUA http://aucareers.org/ (instructions et vidéo de tutoriel disponibles) ;
2. Attacher les documents suivants :
- un curriculum vitae (CV) (pas plus de 3 pages) ;
- une copie scannée de la page d’identification de votre passeport (ou Carte d’identité) ;
- une copie scannée du diplôme universitaire (pas besoin du bulletin de notes) ;
- une lettre de recommandation (datant de moins de deux ans) attestant vos qualités de leader ;
3. Attacher une lettre de motivation. Dans la lettre de motivation, vous devez répondre aux questions suivantes :
• pourquoi voulez-vous devenir un jeune volontaire de l’Union africaine ?
• qu’est-ce qui fait de vous le meilleur candidat pour le CJV-UA ?
• quelles compétences apporterez-vous au programme du CJV-UA et à votre organisation d’accueil ?
4. Réviser et soumettre votre candidature avant le jeudi 16 août 2020, à minuit (heure d'Addis-Abeba).

NOTA BENE:
- Seules les candidatures complètes seront prises en considération.
- Les dossiers incomplets ou contenant des informations erronées seront immédiatement éliminer du processus de sélection.

VEUILLEZ RELIRE ENCORE L"ANNONCE et LA PROCEDURE POUR POSTULER



08 mai 2020

Affaire Angela Kpeidja et harcèlement en milieu de travail : Voici les actions que doit mener le PR Patrice Talon pour déraciner le mal


-          Par Octavio Diogo

Elle n’en pouvait plus ! Angela Kpeidja ne supportait plus le harcèlement sexuel et moral qu’elle subissait à l’ORTB et elle l’a exprimé le 1er mai 2020 sur les réseaux sociaux, à l’occasion de la fête du Travail. La mauvaise conduite était devenue la norme, dans des maisons de production audiovisuelle et au sens large dans l’administration publique et les entreprises privées, avait exaspéré l’ancienne Chef Desk Santé de la Chaine nationale. Au lendemain de cette dénonciation, la déferlante vague de témoignages complémentaires par vidéos ou écrits d’anciens animateurs ou acteurs des médias locaux, anciens stagiaires dans l’administration publique et bien d’autres, ont fait le tour de l’internet pour enfoncer le clou et déballer sur la place publique, les dessous du monde des médias, tout comme celui de l’administration.

Pour confirmer que rien ne lui échappe, le premier magistrat du pays, le Président Patrice Talon a rencontré quelques jours plus tard dame Angela et les responsables de l’Office incriminé. Dans son adresse sur Facebook aux sorties de ladite rencontre, le Président a déclaré s’être “intéressé au sujet, convaincu que de nombreuses femmes béninoises, dans le cadre de leur travail, peuvent être sujettes à ces pratiques répréhensibles. » . Il a renchéri en martelant la nécessité «d’offrir les conditions idoines aux victimes afin qu’elles puissent se faire entendre, dénoncer leurs bourreaux pour que justice leur soit faite. C'est pourquoi le Gouvernement ne manquera pas d'engager des actions hardies en vue d’assurer une meilleure protection aux femmes afin de les encourager à briser la loi de l'omerta. ».

C’est dire que le Président de la République s’est engagé dans le combat contre le harcèlement en milieu de travail, tout comme il l’a fait contre la corruption et les pourboires dans l’administration publique. Et c’est bien à propos ! En effet, le harcèlement sexuel peut se produire dans n'importe quel milieu de travail, d'une usine à un bureau, d’un magasin à une école, dans le commerce comme dans les institutions internationales. En conséquence,  le harcèlement peut  empêcher les victimes de gagner leur vie, de faire leur travail efficacement ou d’atteindre leur plein potentiel et leur vision.

En fait, le président Patrice Talon s’est rendu compte que le dispositif législatif mis en place, notamment les lois 2006-19 du 17 juillet 2006 portant Répression du harcèlement sexuel et protection des Victimes en République du Bénin et n ° 2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et Répression des violences Faites aux femmes, ne pourraient suffire pour endiguer le mal : il faut davantage son implication personnelle. Cet engagement doit être entendu comme une volonté plus forte de faire respecter les lois ci-dessus citées, et en conformité avec la Charte Africaine sur les Valeurs et les Principes du service public et de l’Administration que le Bénin a ratifiée le 28 mars 2019. Ladite Charte fait l’obligation aux Etats l’ayant ratifiée de promouvoir, entre autre le « professionnalisme et l’éthique dans le service public et l’administration » et à l’administration de « protéger ses agents contre toutes formes de menaces, d’insultes, de harcèlement ou d’agression » (Article 16 alinéa 2).

Dans ce cadre et loin des polémiques qui pèsent sur elle en ce qui concerne les questions de valeurs et d’éthique, l’administration béninoise doit pouvoir saisir l’opportunité de rendre plus durable et efficace, dans la mesure du possible, les actions de lutte contre le harcèlement en milieu du travail, du moins, dans la fonction publique. Pour ce faire, les pistes suivantes peuvent être explorées :

1- Rendre disponible un numéro vert d’appel pour recevoir, écouter, conseiller, orienter et soutenir les victimes de harcèlement et de violences qui peuvent garder leur anonymat ou volontairement décliner leur identité. Pour sécuriser la victime, une disposition doit pouvoir condamner sévèrement les agents de ces centres d’appels qui divulgueraient des informations ou se rendront auteurs des fuites d’information, alors que des enquêtes seraient en cours pour réprimer les auteurs. Les données personnelles des présumés auteurs et victimes devront être traitées suivant la loi n° 2009-09 portant protection des données à caractère personnel en République du Bénin ;

2- Elaborer ou faire revisiter le Code de valeurs, d’éthique et de bonne conduite de l’Administration béninoise qui énoncera les valeurs professionnelles, d’éthique, de bonne conduite et celles liées aux personnes ;

3- Installer, au sein de la Direction de l'Adminsiraton de chaque structure administrative centralisée, déconcentrée et décentralisée ainsi que dans chaque office public/parapublic, un «Service d’Ethique et déontologie administrative et professionnelle (SEDAP)»  dirigé par un responsable assermenté, formé et chargé de veiller à l’application stricte du Code de valeurs, d’éthique et de bonne conduite dans l’administration béninoise. Ce service se chargera, chaque année de faire un renforcement de capacité obligatoire pour tous les fonctionnaires de leur administration sur les questions de bonne conduite et d’éthique. Au quotidien, il recevra les plaintes des présumés victimes d’harcèlement et y apporter des solutions, dans la protection totale du/de la plaingant(e). Tous les SEDAP devront reporter au Secrétaire général de la présidence ou son adjoint désigné de manière périodique, avec copie au Ministre/autorité de tutelle, des manquements observés et des solutions apportées en temps opportun ;

4- Faciliter et assouplir les procédures de saisine des tribunaux de première instance en matière de harcèlement sexuel et moral avec la possibilité pour les victimes d’obtenir des décisions en référé, en raccourcissant les moyens, délais et procédures. 

La question du harcèlement n’est pas nouvelle, mais des mesures nouvelles plus institutionnalisées devront pouvoir déraciner le mal et promouvoir la bonne conduite dans nos administrations publiques. Et dans cette démarche, le président Patrice Talon a sûrement, à priori, le soutien de tous les agents publics consciencieux et des citoyens de ce pays !


Octavio Diogo est un juriste béninois dans la Diaspora africaine. Passionné des relations extérieures, des affaires politiques et du développement international, il a servi en diverses qualités, plusieurs missions diplomatiques multilatérales africaines et américaine avant de mettre ses compétences au profit de l’organisation intergouvernementale panafricaine. Il dirige actuellement l’ONG Weziza Afrika qui développe une expertise jeune dans les domaines de gouvernance, du genre et des Droits de l’Homme sur le continent.


04 mai 2020

Bénin - Affaires Etrangères : Les propositions d’Octavio Diogo pour une carte diplomatique gagnante !

Le Bénin veut s’isoler du monde ... pour économiser. C’est du moins ce que l’on est en droit de penser, à la lecture de l’article titré « Cotonou sur le point de fermer une dizaine de ses ambassades » de « la Lettre du Continent » en date du 1er avril 2020. Ledit article informait que « le président béninois Patrice Talon a décidé de ramener le nombre des ambassades et représentations diplomatiques du Bénin dans le monde à dix, contre 27 lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2016 », et ce, pour réduire drastiquement les dépenses publiques.
A l’heure du bilan des quatre années de gestion du pouvoir politique, l’observateur averti des questions diplomatiques ne peut se douter que le bilan n’ait pas été, totalement satisfaisant, dans la mesure où le pays perd du terrain sur la scène internationale chaque jour qui s’écoule. Et pour enfoncer le clou, une fermeture « complémentaire » de missions et représentations diplomatiques du pays dans le monde, après celles de 2018 et de 2019 ainsi que la réduction drastique du personnel diplomatique, est annoncée. Et cela semble être bien acté.  D’après un blog local, le Consul Général du Bénin en Cote d’Ivoire aurait porté la nouvelle de fermeture de son Consulat à la connaissance des compatriotes y résidant à travers son par courrier en date du 14 avril 2020 adressé au Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur Section Côte d’Ivoire (HCBE-SCI).



Ce que je propose concrètement :

Parce que la présence diplomatique veut être ramenée « à un niveau conforme à la vision stratégique du gouvernement et compatible avec nos capacités et ressources » (Selon les écrits de Mr Servais Zohoun, Consul Général du Bénin en Cote d’ivoire), la carte diplomatique que devrait viser la diplomatie béninoise doit répondre aux trois (03) objectifs généraux suivants :




1. Continuer à assurer la présence du Bénin et la renforcer dans la géopolitique internationale à travers la conservation de toutes les missions multilatérales. Cela veut tout simplement dire qu’il faudra maintenir les quartes (04) Missions permanentes du Bénin auprès de la CEDEAO (Abuja, au Nigéria), de l’Union africaine (Addis-Ababa, en Ethiopie), de l’ONU (New York, aux USA) ainsi que celle auprès de l’Union européenne (Bruxelles, en Belgique). La raison est toute simple : ces instances diplomatiques constituent les cadres privilégiés et uniques des négociations intergouvernementales régionales de grande portée et de grande incidence, tant sur les relations politiques, diplomatiques, amicales et de coopération pour une action politique concertée aux niveaux sous-régional, régional et mondial. Le potentiel qu’offre une ambassade multilatérale, c’est d’avoir un portail d’entrée plus facile vers une multitude de pays à la fois et en même temps!
En effet, en fermant la Mission d’Addis-Ababa tel que cela laisse croire, ce sera un signal négatif assimilable à un retrait du Bénin des affaires africaines et son autarcie sur les affaires diplomatiques du continent, auxquelles il devrait porter sa voix, surtout dans un contexte où l’organisation est en pleine reforme. Cette fermeture donnera un écho assez contradictoire dans la mesure où  gouvernement béninois venait de retirer sa déclaration du protocole de la Charte Africaine des Droits de l’Homme ayant créé la Cour africaine, quelques semaines après l’élection du pays, en février 2020 au Conseil de Paix et de sécurité de l’UA. En conséquence, se retirer d’Addis-Ababa et de New York provoquera un isolement total du pays quant à sa participation et à son accueil des rencontres à plusieurs niveaux de l’UA et le pays subira certainement des décisions auxquelles il n’aura pas été associé parce qu’il ne porterait plus sa voix dans les instances et organes de ces organisations intergouvernementales. La présence du Bénin, à titre permanent auprès de l’UA, de l’UE et de l’ONU permet au pays de se faire compter sur la géopolitique et de bénéficier de leur apport dans les domaines qu’il conviendra au gouvernement de (re)définir. La nécessité d’été présent auprès de la Commission de l’Union Africaine a sauté aux yeux des pays à tel point que le Maroc a du rattraper son isolement politique en réintégrant l’Union en 2018. De plus, le Cap Vert et la Guinée Bissau longtemps absents de la vie quotidienne de l’Union ont du établir leur mission permanente à Addis-Ababa il y a quelques mois. A mon avis, revoir les objectifs que ces Missions permanentes doivent désormais atteindre et redéfinir les cahiers de charge des Ambassadeurs et du personnel, est la chose la plus « smart » à faire, plutôt que de les fermer. En ce qui concerne l’UE, le gouvernement veut-il ou a-t-il les moyens sur le long terme de maintenir la froideur dans les relations avec l’Union européenne ?

2. Conserver les missions à grand intérêt économique.
A priori, la diplomatie économique suppose des activités de service diplomatique axées sur l'augmentation des exportations, l'attraction d'investissements étrangers et la participation aux travaux des organisations économiques internationales, c'est-à-dire des actions visant à réaffirmer l'intérêt économique d'un pays au niveau international. En plus de la zone « Union européenne » qui se trouve être le premier interlocuteur commercial du Bénin, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Chine et les pays du Golf constituent également des investisseurs importants dans le pays. Il serait alors logique de s’assurer qu’une représentation diplomatique avec des priorités économique soit présente tant à Rabat (Maroc), à Pretoria (Afrique du Sud), qu’à Pékin (Chine), pendant qu’on conserve celle de Ryad, en Arabie Saoudite et élargir sa juridiction sur le Qatar, le Sultanat d’Oman, Koweït, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn.
En maintenant les ambassades à Paris (France) et à  Washington (Etats-Unis d’Amérique), notre pays pourra continuer et renforcer les discussions avec toutes les grandes organisations traitant des questions du commerce et de développement économique, telles que l’Organisation Mondiale de Commerce (OMC), l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), ainsi que les Institutions de Bretton Woods. De même, la coopération coopération militaire doit être renforcée avec la France et les USA, au regard des enjeux émergents de paix et de sécurité dans la sous-région.
Enfin, pour les questions de « diplomatie cultuelle » dont le Ministère des affaires étrangères a la charge suivant le Décret 2017-586 du 13 décembre 2017 qui le régit, il y a urgente nécessité de maintenir le pont avec le Brésil et le Cuba, et de le convertir en véritable levier de développement socioéconomique, comme l’a fait le Ghana par exemple qui en a engrangé d’énormes ressources et investissements en nouant le pont avec la Communauté noire américaine.
Au total, 8 ambassades bilatérales dans le monde avec des juridictions plus élargies pourront servir d’appui à la diplomatie béninoise tout en minimisant les coûts !

3. Protéger les béninois de l’extérieur et leur offrir assistance et services de qualités. S’il y a bien une communauté qui participe activement à l’économie nationale, à travers les transferts d’argent à leurs familles et pour des investissements dans l’immobilier, c’est bien la diaspora béninoise tant sur le continent africain qu’ailleurs. Aux termes du Décret 2017-586 du 13 décembre 2017, le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération à travers sa Directions des Affaires Consulaires et des béninois de l’extérieur a pour responsabilité, entre autres, de tenir et mettre régulièrement à jour le fichier des Béninois de l'Extérieur, de protéger leurs intérêts, de veiller au traitement convenable des préoccupations des Béninois à l'Extérieur et leur porter assistance en situation difficile.
Si les consulats généraux sont fermés (tel que cela semble se dessiner) et qu’aucune alternative n’est offerte, les compatriotes de l’étranger souffriront d’abandon de leur gouvernement quant à :
  • la délivrance de laissez-passer pour le retour des compatriotes ayant égaré leurs passeports ou pour expiration de passeports;
  • l’assistance dans des situations difficiles (justice, pénitencier, vie quotidienne) ou dans les pays d’accueil ;
  • la légalisation ou l’authentification de documents délivrés au Bénin et qui sont nécessaires à la vie à l’étranger, etc.
Et pour palier tout cela, la nouvelle carte diplomatique devra viser à (i) promouvoir l’extension du réseau consulaire à travers l’URGENTISSIME création de Consulats Honoraires dans toutes les villes principales de tous les pays dans les délais raisonnables et dans la mesure du possible et redynamiser ceux existants avec, à la clé, une coordination et collaboration qui accentue le maintien d’un contact plus étroit avec nos compatriotes ; (ii) faciliter la redynamisation du Haut conseil des béninois de l’extérieur (HCBE) et faciliter leurs relations et collaboration avec les consulats honoraires, et enfin (ii) assurer d’étroites relations de travail et de contacts réguliers systématiques entre les Consulats Honoraires et le Ministère des Affaires étrangères, l’Agence nationale des Migrations et de la Diaspora (ANMD), la Chambre du Commerce et d’Industrie du Bénin, l’APIEX ainsi que d’autres services connexes.
Mon avis personnel est que, l’inexistence de Consulats généraux dans les pays à forte concentration des béninois de l’étranger, notamment en Cote d’Ivoire, au Togo, au Gabon, en République du Congo, en Guinée équatoriale et au Sénégal, c’est simplement rendre « orphelins » ces compatriotes et envoyer un signal qui s’apparenterait à « heuuu, le Bénin et son gouvernement s’en foutent de vous ! » – Oh, un sentiment serait du déjà vécu pur la Diaspora, je suppose !
Tout ceci ne vaudrait rien si, dans la mise en œuvre des objectifs ci-dessus mentionnés, les actions ne se reposent pas sur :
  • Une boussole : la politique étrangère ! La politique étrangère peut être définie comme l’ensemble des principes, orientations, programmes, ententes, institutions et actions qui caractérisent les relations d’un État avec les autres États. A l’heure où nous écrivons, aucun document officiel qui résume tous ces principes et autres, n’est rendu public dans ce sens, encore moins sur le site web du Ministère des Affaires Etrangères. Cela laisse croire que les nombreuses et précédentes tentatives d’avoir une politique étrangère digne du nom ont échoué. Ne pas en disposer, c’est naviguer à vue ; c’est obliger les ambassadeurs à passer d’interminables appels téléphoniques à leurs supérieurs hiérarchiques et « hautes autorités » pour recevoir d’eux des instructions, même pour faire face à des situations les plus simples et banales !
  • L’obligation de moyen et de résultat. La gestion axée sur les résultats qu’a introduite le Ministre Aurelien Agbénonci dans ce secteur, est fantastique ! Il est désormais impérieux, dans le combat pour la mobilisation des ressources pour le développement du pays, que le personnel diplomatique en poste ou non, soit tenu de l’obligation tant des moyens que des résultats. Bien entendu, pour ce faire, l’Etat se doit de mettre les moyens. Les missions multilatérales doivent être autant tenues que celles bilatérales de prospecter, identifier et mettre les potentiels investisseurs dans n’importe quel secteur en contact avec les administrations et institutions compétentes du Bénin. Cela demandera de la pro-activité de tous, et non de la réactivité.
  • Une nomination en poste basée sur du pragmatisme. La diplomatie, ce n’est pas pour les timides, les flemmards, ceux qui ne savent rien des jeux de coulisse et de ralliement, les indécis et les hésitants à l’action, les verbiageurs, encore moins pour ceux qui veulent réduire l’activité diplomatique et la fonction ambassadoriale à de simples « compte rendus » au Ministère. Cela dit, il sied de revoir le processus de nomination des ambassadeurs et du personnel diplomatique en poste (i) en mettant l’accent sur une spécialisation de carrière concentrée sur les questions et enjeux précis et/ou sur la matière (politique, économique, socioculturelle) et/ou sur la portée de l’action (bilatérale ou multilatérale), (ii) en respectant le grade et la compétence au moment de la nomination afin de motiver le cadre, (iii) en enrayant le népotisme et le clientélisme politique dans le choix, et enfin, (iv) en limitant le temps de fonction d’ambassadeur à trois ou quatre ans pour pouvoir procéder à une évaluation conséquente qui devra conditionner leur reconduction à la tête de quelque mission. Rassurez-vous, j’ai servi un ambassadeur qui a fait des merveilles en 2 ans ; ce n’est pas sorcier et c’est aussi possible pour les nôtres !
  • Une collaboration étroite avec la diaspora professionnelle ! La diaspora béninoise peut être un atout de taille pour des entrées plus rapides et pour des résultats plus probants, surtout dans le cas du multilatéralisme. Pour cela, le Bénin gagnerait à ce que les missions diplomatiques les intègrent dans leur stratégie d’approche. C’est bien ce qui fait la force d’autres diplomaties comme celles nigériane et sénégalaise.
  • Une administration restructurée. A l’aune de la proposition de carte, il devient impératif d’enrayer la duplicité dans les cahiers de charges et le conflit d’attribution qu’occasionne la kyrielle de directions techniques, directions générales, Agences au sein du ministère des affaires étrangères. Les directions géographiques, ainsi que certains services devraient céder la place aux autres directions et agences où le personnel a besoin d’être renforcé en effectif et en qualité.
Notre diplomatie peut mieux faire, nous en avons les moyens et les capacités. Il suffit d’avoir des hommes qui aiment faire bouger les lignes dans cette profession et dans la maison « affaires étrangères » sous l’impulsion du président Patrice Talon et de son Ministre des Affaires Etrangères. Ce sera pour le bien de tous les béninois de l’intérieur comme de l’extérieur !   

Sur l'auteur:
Octavio Diogo est un juriste béninois dans la Diaspora africaine. Passionné des relations extérieures, des affaires politiques et du développement international, il a servi en diverses qualités, plusieurs missions diplomatiques multilatérales africaines et américaine avant de mettre ses compétences au profit de l’organisation intergouvernementale panafricaine. Il dirige actuellement l’ONG Weziza Afrika qui développe une expertise jeune dans les domaines de gouvernance, du genre et des Droits de l’Homme sur le continent.

07 mars 2020

Génération égalité: Comment promouvoir les droits de la femme à travers la néo-masculinité




Dans la plupart des sociétés du monde, surtout en Afrique, le garçon et la fille, bien que n’ayant pas les mêmes caractéristiques physiques, sont élevés, perçus et socialisés différemment, créant ainsi un fossé entre le rôle et la place de chacun d’eux au sein de leur environnement et fréquentations. Depuis belle lurette, les hommes ont toujours bénéficié d’un statut et d’une situation sociale qui les a placés sur un piédestal, à l’abri des discriminations, des inégalités et de certaines violences. Les contextes culturel, politique, économique, historique et idéologique ont largement contribué à enraciner des comportements et des diktats phallocratiques qui ont étouffé l’harmonie sociétale, exempte de toutes les bavures et discriminations envers les femmes. Il intervient alors la nécessité de promouvoir une nouvelle façon de percevoir la dynamique de complémentarité de genre à travers la néo-masculinité !

Quid de la néo-masculinité?

La masculinité positive ou la "néo-masculinité" est un mode de pensée évolutive, affranchi des diktats phallocratiques et rétrogrades. C’est une nouvelle forme de virilité non violente et non brutale, qui consiste en l’affirmation de l’homme dans son attitude, en tant qu’être pacifique et co-activiste de la vision du changement de son environnement immédiat, concernant ses rapports avec les femmes. La néo-masculinité ne dévirilise pas mais elle réoriente les comportements.

La néo-masculinité est une redistribution et une nette compréhension de l’impact et du rôle prépondérant de l’équilibre genre dans notre société actuelle. C’est une approche purement féministe, collaborative, non violente et futuriste. C’est une découverte individualiste et pacifique.

Les bonnes raisons d’opter pour la néo-masculinité
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La néo-masculinité ne vient pas usurper la place des femmes dans la société ou déviriliser, dénaturer les hommes de leur essence. Il est simplement question de remodeler la pensée masculine vers une concentration de soi sur les valeurs, les qualités personnelles et non sur la brutalité et la violence. C’est d’abord et avant tout un travail sur soi-même, en tant qu’homme, qui ne concerne pas systématiquement les femmes en ligne de front. C’est une émancipation, un travail de fond et une connaissance approfondie de l’homme, sur l’homme et pour l’homme.

La masculinité positive, c’est aussi rediriger les rapports homme/femme vers une acceptation des différences, une cohésion sociale durable et efficace et une pleine implication dans le combat contre les discriminations, les abus, les exploitations et inégalités dont sont victimes les femmes. Elle se veut déterminante, en agissant dans l’intérêt collectif. La néo-masculinité pourrait être vue comme un outil de dépassement de soi, de la défense de la cause universelle, pour un monde meilleur, dans lequel chacun trouve sa place et se sent important et respecté.

C’est une évolution idiosyncratique de la virilité des hommes et aussi par rapport au radicalisme ayant trait à certains principes culturels et moraux, dont ils ont été les maitres absolus depuis des siècles. La néo-masculinité garantit les libertés individuelles, la liberté de choix de chacun dans le processus d’affirmation et de reconnaissance du potentiel, du rôle et de l’équilibre sain des genres dans la société.

La masculinité positive remet en cause la crise d’autorité de certains hommes concernant leur privilège et droit absolus sur la femme. Tel est le cas en Afrique,  comme dans plusieurs autres communautés, même jusqu’à nos jours, où les hommes sont soit exempts, soit interdits de cuisiner, ni d’avoir accès à la cuisine, au prétexte que c’est un lieu réservé "uniquement" aux femmes. Cela a créé un handicap pour ces hommes lorsqu’ils sont allés étudier hors du cocon ou environnement familial, où plusieurs hommes sont émancipés et affranchis des conceptions phallocrates rétrogrades et misogystes. Cela a vraiment causé du tort à plusieurs hommes, une fois sortie de leur environnement habituel, parce qu’ils ont dû faire face à la réalité dans laquelle, les hommes font la cuisine, la vaisselle, le ménage et gardent les enfants pendant que la femme est occupée à d’autres tâches.

La néo-masculinité est aussi le féminisme sous l'angle des hommes soucieux de l’égalité des genres, sans passe-droit, ni favoritisme pour personne. C’est une approche spécifiquement basée sur le mérite et le militantisme de la reconnaissance des talents et compétences de chaque sexe.

Et si on redéfinissait  la socialisation des garçons et hommes ?
De prime abord, il convient de rappeler que la socialisation est le produit de l’éducation parentale et/ou environnementale. C’est un mélange résultant de plusieurs facteurs et conditions. Tout part des croyances religieuses, des us et coutumes, ainsi que de l’influence des acteurs de socialisation sur le comportement des enfants. Il s’agit pour les garçons surtout, d’élargir leur champ visuel, émotionnel et intellectuel dans les rapports avec les filles. Il est question pour les différents acteurs de socialisation d’éduquer les garçons de telle sorte à les amener à considérer et voir les filles comme égales à eux, donc capable d’accomplir les mêmes tâches qu’eux et d’exercer les mêmes métiers qu’eux, plus tard, dans leur vie adulte. Le perrénialisme des cultures et croyances ancestrales qui confèrent à l’homme un pouvoir absolu et incontesté sur la femme, doit s’appliquer dans des cas spécifiques et ne doit pas empiéter sur l’évolution de la pensée humaine.

Plusieurs interrogations nous amènent à repenser la socialisation des garçons concernant la division du travail, dans la mesure où :
  • les garçons et les filles ne sont pas toujours conviés aux mêmes activités socioculturelles à la maison ou à l’école ;
  • le niveau d’implication des garçons et des filles, ainsi que le temps passé dans leurs activités ne sont pas les mêmes ;
  • le niveau d’engagement et les résultats obtenus entre les filles et les garçons ne sont pas les mêmes ;
  • la rétribution ou la rémunération pour une tâche similaire entre une fille et un garçon ne n’est pas non plus la même.
Par ailleurs, il s’agit pour la masculinité positive de montrer aux garçons de ne pas refouler ou honnir leur côté émotionnel, par peur d’être jugé d’efféminé car, l’émotion existe en chaque être humain. Très souvent, les émotions refoulées ou absorbées des hommes se manifestent par la colère, l’agressivité dans le comportement et le langage, tout simplement parce que ces garçons/hommes n’ont pas reçu l’attention nécessaire dont ils avaient besoin étant enfant. Les parents se sont focalisés sur l’éducation des filles, au prétexte que les garçons sont émotionnellement stables. Cela est une vision erronée de la masculinité.

La néo-masculinité se construit dans un contexte de bienveillance des hommes envers la condition de la femme, une ouverture d’esprit par rapport au nombre incalculable des défis auxquels les femmes font face au quotidien. C’est une main tendue des hommes envers les femmes, dans le but d’aider ces dernières à vivre et de jouir pleinement de tous types de droits sans abus.

La néo-masculinité devient alors l'arme la plus efficace pour atteindre l’égalité de genre car, cette lutte, menée uniquement par les femmes et pour les femmes ne pourra pas garantir un résultat visible et pérenne, si les hommes ne s’y joignent point. C’est une question de redynamisation des perceptions de la vie, de coopération étroite entre homme-femme, d’entente, de compréhension des valeurs, des forces et faiblesses de chacun et de collaboration mutuelle, d’acceptation de différence et de diversité en vue d’atteindre cette équité de genre, dans un monde ouvert, apaisé et harmonisé. Les femmes sont les principales bénéficiaires de cette évolution de la pensée.

Dans cette quête de changement de paradigme,  c’est l’Afrique qui a le plus grand boulot à faire en ce sens que les croyances et modes de vie sont en inadéquation totale avec l’évolution du monde et les défis contemporains, qui nécessitent l’implication des hommes et des femmes, afin de trouver des mécanismes de sortie de crise du genre efficaces et durables.

En relations internationales, en politique, en diplomatie ou dans n’importe quelle science sociale, il devient impératif que les hommes tendent la main aux femmes et œuvrent ensembles, pour atteindre des objectifs fixés dans les agendas de développement.  Pour ce faire, l’impératif  changement de mentalité et de comportement de la gente masculine envers la cause féminine requiert des hommes, de  s’imprégner des inégalités, des discriminations et des injustices sociales dont sont victimes les femmes, en vue de trouver des solutions salvatrices, efficientes et durables pour construire un monde meilleur, dans lequel chacun trouvera sa place, sans empiéter sur les droits et libertés de chaque sexe. Ainsi, sera stratégiquement gagnée la gigantesque  bataille de l’égalité de genre!

Recommandations
Pour une néo masculinité efficiente et pour un meilleur équilibre de genre, il serait souhaitable :
  • D’inclure, de manière transversale, le concept de la néo-masculinité dans les agendas de développement de la femme des Organisations Internationales, noatmment la Stratégie de l'Union africiane pour l'autonomisation des femmes (GEWE 2018-2028)de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, l’Agenda 2030 de l’UN pour le développement durable, l’Agenda 2040 de l’enfant africain, et de tout autre agenda au niveau national.
  • De faire des plaidoyers auprès de ces Organisations Internationales, les ONG et les écoles, afin de mettre en pratique le concept de néo-masculinité dans l’exercice de leur mandat et programme académique ;
  • D’encourager les parents à éduquer les garçons, en leur apprenant des travaux ménagers de telle sorte à ce qu’ils soient autonomes et diligents ;
  • D’exhorter les parents à ne pas percevoir leurs garçons comme trop émotifs ou efféminés s’ils viennent à pleurer. Cela n’est aucunement signe de faiblesse.
  • D’encourager les parents à ne pas stigmatiser un genre au profit d’un autre et d’accorder autant d’attention à leur fille qu’à leur fils.

Octavie Louisa est experte en Gouvernance et en Intégration Régionale. Elle est passionnée des questions de droits de l’homme, genre, résolution des conflits, paix et sécurité humaine. Elle est la co-fondatrice de l’ONG Weziza Afrika basée au Bénin. Elle est la Directrice, l’Institut Weziza Afrika pour la Gouvernance et les Droits de l’Homme dont le mandat touche les questions thématiques de justice transitionnelle, le genre dans la paix et la sécurité, la résolution des conflits, la paix et la sécurité humaine.

20 février 2020

Diplomatie: Comment le Bénin peine à "décrocher" des positionnements dans l'Union africaine


La semaine écoulée, une certaine presse locale béninoise a titré dans sa "une" que le Bénin aurait “décroché” un poste au sein du Conseil de Paix et de sécurité de l’Union africaine. Ce titre m’a fait un peu sourire quand j’imaginais comment la communication (j’ai fait un court séjour dans le monde de la communication) d'une telle annonce pourrait faire croire que mon pays avait réalisé un exploit ! J’ai alors jugé utile, à travers ce petit billet qui n’est soutenu par aucune raison politique, d’édifier ceux qui s’intéressent aux choses du monde diplomatique comme moi, sur les tenants et aboutissants. Une fois de plus, mon billet doit être vu comme un outil de renforcement de capacité sur le sujet, au regard de ma modeste expérience de 7 ans dans le monde politico-diplomatique d'Addis-Abéba d'où j'apprends chaque jour:

Non, le Bénin n’a vraiment rien « décroché » lors du sommet de l'UA.
"Avoir décroché quelque chose" suppose qu’on s’est battu pour cette chose, contre vents et marrés et qu’on ait pu l'obtenir quoique cela ne nous est pas, à priori, destiné. 
Ici, dans l’action diplomatique, «décrocher» signifierait que la diplomatie béninoise aurait  planifié, aurait nourri la vision, aurait engagé des actions de lobbying et de concertation constante et activé des accords bilatéraux avec des pays amis pour « parvenir » à être élu au Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine.- Il n'en était pas le cas, puisque le siège au CPS nous revenait de droit, selon la rotation par pays par ordre alphabétique au sein de la région de l'Afrique de l'Ouest (par extension la CEDEAO). J’explique. 

La liste alphabétique des pays de notre région commence par le Bénin. Les ambassadeurs de la CEDEAO devraient, au moyen des concertations, s’entendre pour choisir 4 Etats membres pour siéger au CPS: l’un pour un mandat de 3 ans et les 3 autres pour un mandat de 2 ans, bien sûr, renouvelables.

Ainsi, depuis sa création en 2004, tous les Etats de la CEDEAO venaient en 2019 de boucler chacun deux mandats de 2 ans (2008-2012 pour le Bénin), à l’exception du Nigéria qui a cumulé près de 14 ans. Par conséquent, on reprend la liste par le premier pays par ordre alphabétique, d’où la désignation automatique et sans procès du Bénin! Donc, notre pays ne pouvait  ne pas siéger au CPS à compter du 1er avril 2020 !
Par conte, on pourrait qualifier d’exploit, la désignation du Bénin pour un mandat de 3 ans, ce qui ne fut pas  le cas.

Que fait alors la diplomatie béninoise en Afrique - pour les béninois?
Du point de vue de positionnement des béninois (et Dieu sait que nous avons des cadres de par le monde), je suis tenté de dire « RIEN ».
A la date d’aujourd’hui, le BENIN n’a officiellement aucun poste dans la sphère de l’UA. 
Tenez juste les statistiques suivantes- Le pays n’a aucun de ses citoyens :
  • parmi les 10 membres de la Commission de l’UA - CUA (Président, Vice-président et 8 commissaires),
  • parmi les 8 directeurs de département que comporte la CUA,
  • parmi les 15 Directeurs centraux de la CUA,
  • parmi les 13 Conseillers au service du Président et du Vice-président de la  CUA,
  • parmi les 7 Représentants permanents de la CUA auprès des institutions internationales/régionales basées à New York (USA), Bruxelles (Belgique), Genève (Suisse),  Beijing (Chine), Caire (Egypt.), Lilongwe (Malawi),
  • parmi les 13 Représentants spéciaux, Chefs de Bureau de Liaison de la CUA,
  • parmi les 9 Hauts représentants de l'UA,
  • parmi les 4 Envoyés spéciaux du Président de la CUA,,
  • parmi les 7 Représentants Spéciaux du Président de la CUA.

Au total, si mes calculs sont bons, AUCUN des 86 hauts fonctionnaires politiques de l’Union africaine n’est béninois.

C’est la faute à qui? Ne me demandez pas, parce que moi–même je cherche encore la réponse. Pourtant, le Bénin fait partie des premiers Etats à mettre en œuvre la mesure de 0.2 % de taxe sur les importations éligibles destinée à financer l’Union africaine, et notre pays honore ses engagements financiers vis-à-vis de l'Union! Alors, comment la Diplomatie béninoise n’arrive pas à rentabiliser les 220.518,76 dollars américains (soit environ plus de 122 millions de francs CFA) que le pays paiera en 2020 à titre de contribution, une somme qui sera mobilisée sur les impôts du contribuable national ?

Pire (ou mieux encore), à l’heure où nous écrivons,
  • le  Bénin n’est ni membre de bureau, ni simple membre d'un des 4 comités ministériels au niveau du Conseil Exécutif de l’UA,
  • aucun ministre béninois n’est membre de bureaux des 14 Comités techniques spécialisés (CTS) de l'UA, comités qui rassemblent les ministres sectoriels,
  • le Bénin n’est membre d’aucun bureau des 11 sous-comités du Comité des représentants permanents (COREP), c’est-à-dire, l’Union africaine au niveau ambassadorial, alors même que le Mali, le Burundi et le Congo sont dans plusieurs bureaux à la fois. Est-ce une question de masse de la contribution au budget de l’Union africaine ? NON, le Bénin contribue  plus que le Burundi, par exemple.
  • Le Bénin N’ABRITE AUCUN des 30 Organes ou Institutions spécialisées ni Bureau de liaison de l’Union africaine, pour qu’au moins des nationaux puissent occuper des postes, tout au moins d’exécutants. A considérer que l'acceuil d'un organe est relativement couteux pour l'Etat, sur le long terme, cela contribue à faire tourner l'économie locale avec des réserves étrangères. Si non, comment compendre que des pays comme l'Ethiopie, le Kenya, le Cameroun, l'Afrique du Sud, l'Algérie, etc... se battent à chaque occasion pour recevoir sur leur territoire, les institutions de l'UA?
Et pourtant, notre pays a démontré son panafricanisme en facilitant les procédures d'entrée des frères africains sur son territoire "sans visa", faisant de lui le 1er pays le plus ouvert aux africains. 

Convenez alors avec moi qu'il n’en faut pas plus pour que le Président Patrice Talon soit désigné « Champion sur la libre circulation des personnes » et inciter la création, pour le présider, d'un Comité de Haut niveau pour la libre circulation des personnes en Afrique, dans le but de réaliser les aspirations de l’Agenda 2063 y relatives. 

Tout béninois, dans la diaspora pourrait, s’il en est investi autrement, devenir un puissant outil dans la main de la diplomatie. Seulement, que la voie soit tracée par le Chef de la Diplomatie ! Nous sommes au service de notre cher pays que nous voudrions voir briller davantage. Rien d’autre !!!

17 février 2020

La question du Genre de manière fondamentale : Une revue des concepts

Par -Octavie Louisa
For the Enghlish verison, click here 
La notion générique que la plupart des gens ont, en ce qui concerne le Genre est que ce concept concerne uniquement les femmes. Or, le Genre est un concept unisexe. La confusion est souvent faite entre le genre et le sexe, même si elles sont deux théories totalement différentes.

De notre compréhension, le genre fait référence aux différents rôles et responsabilités des hommes et des femmes dans une société, en fonction de leur culture et des valeurs tandis que le «sexe» fait référence aux caractéristiques biologiques, l'apparence physique d'une fille ou un garçon.

Au cours des dernières décennies, le «Genre» a été considérée comme un outil obligatoire pour les organisations internationales, car elle aide les femmes à faire l’évaluation et le suivi de leurs capacités et compétences. Le Genre a également servi de référence pour aider les femmes à atteindre les objectifs de développement à travers l'objectif de parité, Ordre du jour des Organisations Internationales à l’instar de : l'Agenda 2063 de l’Union africaine  et  l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le  développement durable.

Cependant, l’état d’esprit culturel du patriarcat, dont la plupart d'entre nous africaines, sommes victimes et devraient sortir, a donné naissance à un produit de socialisation qui suggère que « les filles sont naturellement inférieures aux garçons ». En outre, il a été prouvé que la plupart des traditions africaines emprisonnent la mentalité d’émergence, du développement et d’épanouissement des femmes et favorise ainsi l’inhibition de leurs capacités à être à l'avant-garde, sans stéréotypes. Dans la plupart des cas, les stéréotypes sont renforcés par la famille, l'école et le quartier, compte tenu du fait que les agents de socialisation tels que : les parents, les professeurs, les pasteurs, etc. influencent directement le comportement et les actes d'un enfant, ce qui contribue à perpétrer ce genre de stéréotypes envers les Femmes. L'appréciation du genre ne devrait en aucun cas être basée sur le sexe de l'enfant.

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L'intégration du concept "Genre"

L'intégration de la dimension Genre (Gender Mainstreaming) a été adoptée à l'échelle internationale à la fois comme une stratégie et un objectif vers la réalisation de l'égalité des sexes dans tous les secteurs et domaines de la vie. En d’autres termes, l'intégration d'une perspective sexospécifique a été adoptée à l'échelle internationale en tant que stratégie et objectif visant à réaliser l'égalité des sexes dans tous types de métiers et professions de la vie. De par sa définition lointaine, l'intégration de la dimension Genre est connue comme « un processus d'évaluation des implications pour les femmes et les hommes à toute action planifiée, y compris la législation, les politiques ou les programmes, dans tous les domaines et à tous les niveaux. Il s’agit d’une stratégie visant à intégrer les préoccupations et les expériences des femmes ainsi que des hommes, dans de la conception, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des politiques et des programmes dans tous les domaines politiques, économiques et sociaux, afin que les femmes et les hommes bénéficient équitablement des opportunités et que, par conséquent,  l'inégalité ne se perpétue pas », Conseil économique et social des Nations Unies, 1977.

Dans la pratique, « le Gender Mainstreaming » est un outil actif d'équité pour permettre aux hommes et aux femmes d'exprimer librement leurs compétences sans discrimination ni parti pris. La plupart des organisations internationales et politiques, notamment l'Union Africaine et les Nations Unies, entre autres, ont fait des refontes profondes dans leur programme de travail, pour améliorer et promouvoir l'égalité des sexes et l'équité de Genre, dans leur domaine. Ainsi, la volonté des femmes et des hommes pour transformer l'Agenda en faveur de l'égalité des sexes, telle que la Stratégie de l'Union africaine pour l’Égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes(GEWE) en des actions concrètes, devient de plus en plus fructueuse. Toutefois, dans le processus d'aborder pleinement la question du genre, il y a une énorme nécessité d'éviter la « Cécité Genre » (Gender Blindness) qui consiste en la neutralité et la non-reconnaissance des rôles de genre et leurs implications dans toutes les sphères de la société.

L'intégration de la dimension Genre est non seulement sur les droits des femmes, mais  également sur liée aux devoirs des femmes, quant à leur capacité de prendre des responsabilités de l'apprentissage, de se former (en faisant des formations professionnelles du domaine dans lequel elles veulent travailler) et étant chercheuses d’opportunités. Les femmes devraient se réveiller et être responsables envers toutes ces lois qui leur donne du pouvoir dans le but de les élever et leur donner des possibilités d'être dans les sphères de prise de décisions et de contribuer à motiver et élever toutes celles qui s’attendent à atteindre le niveau de commandement.

Par conséquent, les réalisations et avancées concernant la dimension Genre, au cours des dernières années ont été et continuent d’être très significatives et encourageantes, mais il reste  encore beaucoup à faire. À cet égard, ce que nous voulons prioriser dans les années à venir,  est le rôle et l'implication totale des femmes, à jouer durablement leur rôle dans ce processus de développement et de l'autonomisation économique, parce que rien ne peut se faire que si les femmes elles-mêmes ne manifestent pas d'intérêt pour le développement de leur état d'esprit lié à cette question, dans la mesure où l'intégration de la dimension Genre a été institutionnalisée par la loi constitutionnelle de nombreux pays dans le monde. Les femmes peuvent alors profiter et exploiter les progrès, pour exprimer pleinement ce qu'elles sont capables de faire et de devenir.

Nonobstant, l'Architecture du Genre n’est pas une chose complexe et est autant profonde que ses racines. Cette architecture est une démarche, conduisant à la nécessité d’une prise en compte de nombreux éléments, visant à éviter la dichotomie, marquer une nette différenciation entre les concepts et les politiques utiles pour sa mise en œuvre effective dans tous les domaines.
En somme, les femmes devraient secouer les réalités afin de favoriser la lutte pour l’intégration de la dimension Genre, c’est-à-dire, de l'égalité des sexes, en créant une plateforme d'échange d'expériences sur les questions de genre, l'analyser par le biais de la méthodologie SWOT et trouver des solutions qui peuvent les aider à être associées au niveau supérieur de prise de décision. Ainsi, la spécification et la technicité du rôle prépondérant des femmes dans tous les domaines est réellement la clé de tous les processus de prise de décision.   


Octavie Louisa est experte en Gouvernance et en Intégration Régionale. Elle est passionnée des questions de droits de l’homme, genre, résolution des conflits, paix et sécurité humaine. Elle est la co-fondatrice de l’ONG Weziza Afrika dont elle dirige, en qualité de Directrice, l’Institut Weziza Afrika pour la Gouvernance et les Droits de l’Homme dont le mandat touche les questions thématiques de justice transitionnelle, le genre dans la paix et la sécurité, la résolution des conflits, la paix et la sécurité humaine.