Enfin !
Le Président Patrice Talon a, pour sa première fois, participé aux travaux de
la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine. Depuis
sa prise de fonction, bien que le Président béninois ait eu des attaches avec
certains présidents africains, notamment le Rwandais Paul Kagamé, le togolais
Faure Gnassingbé et l’ivoirien Alasane Dramane Ouattara, il avait raté l’occasion
en or de se présenter à ses pairs africains pour bénéficier de leur estime et
de leur soutien politique pour son mandat. Mais faisons preuve d’indulgence à
son égard puisque sa santé n’a pas du tout aidé quand il avait manifesté son
ardent désir d’être au sommet de juillet 2017 pour se rattraper.
Curieusement,
il me semble (et c'est l'avis de beaucoup, y compris des non-béninois) que le Président Patrice Talon n’a pas été assez préparé pour s’introduire
auprès de ses collègues de la Conférence des Chefs d’Etat. Cela s’est noté dans
sa brève
allocution (cliquer ici pour la suivre).
En fait, qui
suis-je moi pour voir d'un oeil critique, en toute objectivité et en fonction des petites connaissances que j'aies de ce domaine, cet état de chose ? Personne, un simple
jeune béninois « taloniste inconditionnel» soucieux de
voir son pays rayonner dans l’arène politique africaine ; un simple jeune béninois
perfectionniste qui a passé 5 ans dans le milieu politico-diplomatique à
Addis-Abeba, capitale politique de l’Afrique ; un jeune béninois qui a quand
même servi et travaillé avec 4 ambassadeurs dont 2 des Etats-Unis d’Amérique (à
un poste d’offensive diplomatique du département d’Etat américain et de l’USAID
en conjonction avec l’Union africaine), un ambassadeur béninois et un autre
guinéen pendant même que la Guinée était présidente en exercice de l’Union africaine.
Comment
Patrice Talon et la délégation auraient-ils mieux vendu le Bénin ?
-
Une impréparation apparente
Il parait que le Président Talon a été pris du coup et qu’il ne savait pas qu’il
allait faire un discours d’introduction ! Je crois savoir qu'il est de culture ou coutume de l’UA
que tout président élu entre différentes sessions, soit présenté à la Conférence.
Donc Patrice Talon devrait avoir été briefé par les personnes compétentes sur cela. Mieux, le Ministre
Agbénonci devrait avoir été préparé puisqu'il a conduit la délégation à deux Sommets : Juillet 2016 (kigali), Janvier 2017 (Addis-Abéba). Et si par extraordinaire celui lui a échappé, notre Ambassadeur, Représentant
permanent du Bénin auprès de la Commission de l’UA devrait s’en souvenir et
préparer un discours (parce que on ne sait pas jamais), en plus d’en faire mention dans sa note d’orientation du
Sommet.
- Un discours non écrit
En cette
matière, il est dangereux pour le Président Talon d'avoir un style libre surtout lorsqu’il s’agit d’une adresse aux Chefs d’Etat et
que Patrice Talon n’est pas un politicien pur et dur! Ou tout au moins, les points de son intervention
devraientt être écrits sur papier pour lui permettre d’avoir une « meilleure » suite
dans les idées et de faire facilement mouche. Si le Président Talon n'a pas fait de discours parce qu'il a été pris de surprise, pourquoi les Présidents libérien et angolais ne l'ont pas été?
-
Une allocution qui pourrait avoir été historique
Dans son
allocution, Patrice Talon aurait pu rappeler à son audience que depuis l’avènement de l’Union africaine en 2000, le Bénin a été très actif notamment dans l’élection
de l’ancienne Présidente de la Commission de l’UA, dans un contexte particulièrement
marqué par la méfiance et l’immobilisme institutionnel mélangé au manque de
confiance et que cette élection avait permis de faire élire une femme pour la première
fois à la tête de l’institution et d’engager, subséquemment, la promotion
des femmes à tous les niveaux. Il devrait rappeler que le Bénin a fait partie des
tous premiers pays à s’inscrire au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs
(MAEP) et qu’il a fait des progrès depuis lors dans sa gouvernance (même s’il
n’avait pas de preuve à apporter) et que la lutte conte la corruption est son cheval de bataille depuis son accession au pouvoir.
Le président dans son allocution aurait dû faire cas de la foi et de la détermination du Benin à promouvoir le
panafricanisme. Il aurait marqué les esprits en disant que, quoiqu'il n'arrivait pas à participer aux sommets, il a sauté depuis Septembre
2016, les barrières de visa à tous les citoyens africains pour une durée de 3
mois et qu’il invite alors tout le monde à explorer les opportunités de
commerce et d'investssements au Bénin! Cela aurait réussi à attirer des applaudissements de l’audience
et augmenter sa cote de popularité ! Dans le milieu diplomatique, réussir
à avoir autant d'applaudissent possible de la part de l’audience est une
indication de ce que sa sortie politique est réussie, modestie mise à
part !
L'idée que le Ministre des affaires étrangères aurait exploiter pour rattraper les choses, c'est immédiatement de programmer une conférence de presse, à défaut de
sortir une note diplomatique rédigée en moins de 2h de temps par les cadres et
la faire circuler dans les médias présents à la conférence de presse (et Dieu
sait que les 60+ médias présents en raffoleraient) !
Au
demeurant, c'est vrai je n'ai pas fait la diplomatie à l’ENAM et que mes quelques cours de DRI à la faculté de
droit ne m'en donnent guère les aires! Les aptitudes de diplomatie s’acquièrent aussi sur le terrain ! De plus, travailler dans les organisations internationales, fussent-elles les Nations Unies, ne veut pas forcément dire qu’on en maitrise tous les contours! Le Bénin a besoin d’aller à l’école des anglophones, surtout
que le pays a manqué l’opportunité d’installer l’Institut de renforcement des capacités
des diplomates, tant prôné par le Professeur Okanla, ancien ministre des
Affaires étrangères !
Nota bene : Cet article est juste mon point
de vue et n’a aucune connotation politique, ma personne n’appartenant à aucune
obédience ou chapelle politique !